Nous avons récemment tenu chez moi une assemblée de cuisine avec Gabriel Nadeau-Dubois, dans la foulée de l’initiative « Faut qu’on se parle ».

Ce fut un exercice fort instructif, qui m’a permis de réunir dans mon salon — oui, les assemblées de cuisine se tiennent parfois dans les salons — des personnes ayant des visions fort différentes sur des enjeux cruciaux tels le rôle de l’État, le lien entre la création et la redistribution de richesse, le capitalisme, l’éducation, etc.

C’est justement pendant cette discussion sur les entreprises et le capitalisme que j’ai eu mon plus gros choc de la soirée : j’ai été en effet très surpris de la véhémence de certains envers les entreprises, ces entités dont le seul but, selon eux, est de saigner les travailleurs pour enrichir (encore plus) les riches.

Disons qu’ils n’y allaient pas avec le dos de la main morte, comme le soulignait l’ancien coach du Canadien, Jean Perron.

J’en conviens avec eux : la maximisation de l’avoir des actionnaires a fait énormément de torts et a participé à l’accroissement de l’écart entre les riches et les pauvres.

Comme c’est la direction de l’entreprise qui est responsable des décisions, lesquelles sont dictées par le conseil d’administration, si le profit en dollars est le seul indicateur de performance et le seul objectif, il ne faut pas se surprendre de cette grogne, voire de cette colère sourde ressenties dans les milieux moins fortunés.

Des sentiments qui ont d’ailleurs très certainement aidé à porter au pouvoir Donald Trump aux États-Unis, puisque des centaines de milliers de chômeurs et travailleurs mécontents de leur sort ont voté contre l’élite financière de Wall Street, personnifiée par Hillary Clinton.

Mais les temps changent. Et probablement pour le mieux.

J’ai pris la parole durant cette discussion pour tenter de nuancer les positions de chacun.

J’ai donné en exemple des entreprises qui avait une vision plus saine du capitalisme. Des entrepreneurs qui veulent gagner leur vie, certes, mais qui mettent au cœur de leurs activités des notions aussi essentielles que le développement durable ou le bonheur de leurs employés. Des entrepreneurs pour qui le profit ne se fait pas à tout prix…

Et vous savez ce qu’il y a de fabuleux avec ces entrepreneurs? C’est qu’ils dirigent des entreprises rentables!

Cela se comprend aisément : des employés plus heureux vont davantage avoir à cœur le succès de leur entreprise ; ils travailleront mieux et prendront mieux soin des clients; lesquels, en retour, assurent par leur loyauté des revenus récurrents à l’entreprise…

Acheter, c’est voter!

Bien sûr, en tant que citoyen et consommateur, il est important de critiquer comme on l’a fait chez moi lors de l’assemblée de cuisine; mais, dans un deuxième temps, si on veut changer le monde, il faut favoriser les entreprises qui y font une différence positive!

La Québécoise Laure Waridel a popularisé un concept aussi visionnaire que révolutionnaire : « Acheter, c’est voter ». Vingt ans plus tard, c’est toujours, sinon encore plus pertinent.

Oui, les consommateurs ont un pouvoir de vie ou de mort sur les entreprises, pouvoir qui n’est d’ailleurs pas encore assez exercé; lorsque nous aurons réellement mis en action cette prise de conscience, les entrepreneurs devront s’éloigner du capitalisme sauvage s’ils veulent assurer la pérennité de leur entreprise, car leur clientèle se détournera de leurs produits.

Ainsi, nous changerons vraiment le monde.